Mots pliés et dépliés

Le café des brumes.

Jul 2023

Le café des brumes se trouve dans la rue des brumes. En quelque sorte, il vit là.

La rue des brumes est rue comme une autre. Ni trop courte, ni trop longue. Ni trop étroite, ni trop large. Un rue comme une autre, peut-être? La rue des brumes croise la rue des pas légers. La rue des brumes est longée de boutiques et de cafés. L'un d'eux est le café des brumes.

Le café des brumes est toujours plein à craquer. Toujours. Au centre de cet espace, se tient droit comme un phare, l'énorme comptoir au zinc chantant. Et autour de cet astre de bois verni, tournent lentement, de petites tables. Elle dansent, bercées, par les bruits des clients. Tous leurs rires, leurs joies, leurs désirs, leurs tourments. Tout ces bagages de ces marins heureux, ou naufragés qui pleurent doucement.

Elles gigotent les petites tables, agitées dans leurs âmes de bois;par les bruits et les odeurs de café et de bière pression. Elles écoutent attentivement, la patronne, qui parle avec une voix forte aux innombrables trémolos. Et le mari de la patronne, est l'unique garçon. Et il apporte aux clients leurs boissons, avec élan et douceur, comme si elles étaient des coupes remplies d'amour.

Dans le café des brumes, il y a, accrochée au mur, coté sud-ouest, une superbe trompette de poche, pliable, modèle Boris Vian. Pas loin d'elle, à la table sud-sud-est, sont assis Brassens, Moustaki, qui parlent et rêvent de femmes, fortes en gueules et dodues joliment.Et il ya Brel avec avec son regard plein d'amour pour son plat pays, qui rêve pour un moment, un peu honteux, d'îles aux eaux tièdes, aux rochers brûlants. De sirènes, à la peau couleur croissant chaud.

De temps en temps, presque chaque jour, enfin quotidiennement, nous pouvons, derrière les vastes vitres, voire passer de longues colonnes à milles pattes d'enterrement, ces longs mouvements funéraires. Il ya des jours de deuils tristes pour quelques clowns, quelques gris acteurs de cabaret. Et ceux qui sont samba pour un expert comptable éxonérés d'impôts, naturellement.

Près de la porte, un couple d'amoureux, d'anciens amants. Leur conversation silencieuse, portée par les vapeurs chaudes de leurs cafés, va se noyer dans le bleu cruel d'un ciel d'été. Où chantent des milliers d'oiseaux. Des moineaux, des merles, des rossignols et d'admirables corbeaux. Toute une bande. Piaf, Ferrat, Bécaud. Et plein d'autres encore, sur leurs nuages de crème cappuccino.

Et tout cela, c'est le café des brumes. Mais je sais, ne le niez pas, vous ne le croyez pas.

Voerde, juillet 2023.